Source : Ouest-France.fr par TATIANA LISSITZKYUne super-bactérie surnommée « menace fantôme », capable de transmettre ses gènes résistants à d’autres bactéries, est en train de gagner du terrain aux États-Unis. Une menace microscopique qui inquiète les spécialistes…
Pourquoi on en parle ? Un rapport, publié le 4 décembre dernier, par le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), s’inquiète de la propagation d’une super-bactérie, le Oxa48, que les scientifiques surnomment la « menace fantôme ». Une bactérie résistante à la plupart des antibiotiques existants. Qu’est-ce que c’est ? Cette super-bactérie appartient au groupe des entérobactéries résistantes au carbapénème, une classe d’antibiotiques. « Le Oxa48 est résistant à presque tous les antibiotiques dont nous disposons », déplore le professeur Antoine Andremont, qui dirige le laboratoire de bactériologie de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard. Selon le CDC, ces super-bactéries sont extrêmement meurtrières et pourraient provoquer le décès d’un patient infecté sur deux. Pour les responsables du centre, il ne fait aucun doute : les bactéries multirésistantes constituent l’une des menaces les plus urgentes du pays. Quels sont les dangers ? Si les scientifiques ont surnommé la bactérie Oxa48 « menace fantôme », c’est avant tout parce qu’elle est difficile à détecter, explique Antoine Andremont, auteur de « Antibiotiques, le naufrage ». « Les tests de laboratoire habituels ne sont pas toujours efficaces, car les méthodes standards risquent de répondre que la bactérie est sensible aux antibiotiques alors qu’elle est résistante. Le risque est donc d’utiliser des antibiotiques qui ne sont pas ou peu efficaces, analyse-t-il. Le CDC souhaite que les laboratoires soient plus vigilants et ne traitent pas les patients par des carbapénèmes alors qu’ils ont cette bactérie fantôme qui y résiste. » Mais cette super-bactérie est loin d’être celle qui inquiète le plus les chercheurs. Récemment, la communauté scientifique s’est alarmée de la découverte, en Chine, d’une bactérie capable de résister à l’antibiotique de dernier recours, la colistine. Or, le gène de résistance à la colistine, appelé le MCR-1, peut facilement se transmettre d’une bactérie à l’autre et rendre de nouvelles bactéries résistantes à la colistine. « C’est dramatique, car c’est le dernier antibiotique qui restait en dernier recours », s’inquiète le spécialiste mondial des bactéries. Comment combattre ces super-bactéries mutantes ? Tout simplement en limitant les antibiotiques. Pour les spécialistes, l’augmentation des infections dues aux super-bactéries est en effet étroitement liée à l’utilisation massive et répétée des antibiotiques dans le monde. La France est-elle à l’abri ? Non, il y a également de nombreux cas en France. L’Institut de veille sanitaire (INVS) recense une soixantaine de cas par mois depuis 2013 de bactéries résistantes aux carbapénème, dont 75 % de Oxa48. Pour le professeur Antoine Andremont : « C’est un phénomène très inquiétant car en 2009, aucun cas n’avait été signalé, alors qu’aujourd’hui, le nombre de cas signalés à l’INVS s’envole. »
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Novembre 2016
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