Source : Ouest-France.fr par CLAIRE GIOVANINETTI ET YVES GOURMELONAprès des mois de suspense, c’est fait. Les Britanniques ont voté à 51,9 % pour une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Les suites de ce vote sont suspendues au nouvel accord qui pourrait être conclu entre les deux parties d’ici deux ans. Quelles pourraient être les conséquences inattendues de ce Brexit ?
1. What about les Anglais qui ont des maisons en Dordogne ? En Dordogne, en Bretagne ou ailleurs… On sait que certains Britanniques raffolent de la France et sont de fidèles acheteurs sur le marché immobilier français. Problème : leur pourvoir d’achat dépend de la valeur de la livre sterling, qui a fortement dégringolé depuis ce vendredi matin. Ce ne sont pas tellement ceux qui ont une résidence secondaire qui en subiront les conséquences, mais ceux qui habitent en France ou souhaitent y habiter. Le Brexit va peut-être freiner les investissements immobiliers. D’ailleurs, selon Le Figaro, les agences immobilières locales constataient déjà une certaine frilosité des acheteurs britanniques, dans l’attente de plus de certitudes pour l’avenir. 2. L’Espagne pourrait fermer ses frontières avec Gibraltar Car Gibraltar est britannique ! C’est d’ailleurs depuis 300 ans un conflit avec l’Espagne, qui en revendique également la souveraineté. Ce rocher de 7 kilomètres carrés collé à l’Andalousie accueille 33 000 Britanniques. Ses habitants ont voté à 95 % pour le maintien du Royaume-Uni dans l’UE. Beaucoup ont une résidence côté espagnol et 9 000 Espagnols travaillent dans la colonie britannique. L’économie prospère du rocher dépend très largement de ses relations avec l’Union européenne. Les investisseurs sont attirés par un faible régime d’imposition et son appartenance à l’UE. Or après le Brexit, l’Espagne pourrait être tenté de fermer sa frontière avec Gibraltar. Ce vendredi, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, a réitéré ses revendications sur le petit territoire et a invité le Royaume-Uni à échanger directement avec l’Espagne pour que Gibraltar continue d’avoir accès au marché unique. Il a proposé « une co-souveraineté durant un certain temps, puis une restitution de Gibraltar à l’Espagne ». Malin ! 3. La retraite dorée des Britanniques quelque peu chamboulée Toujours dans le sud de l’Espagne, le Brexit a des conséquences sur les milliers de Britanniques, essentiellement retraités et pas forcément les plus riches, qui ont fait des plages chaudes d’Orihuela leur petit coin de paradis. Car là-bas, ils profitent de l’accès gratuit à la santé publique en tant que citoyens européens. De plus, avec la dépréciation de la livre, leurs retraites pourraient fondre comme neige au soleil. Aujourd’hui, ils ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés mais beaucoup sont inquiets. 4. La Belgique va crouler sous les demandes de nationalité Crouler, peut-être que l’on exagère. Mais avec le Brexit, quid des 1 164 fonctionnaires qui travaillent pour la Commission ou les députés britanniques au Parlement européen ? Car pour travailler dans ces institutions, ils doivent être citoyen d’un État membre de l’UE au moment de l’engagement. Que vont-ils faire ? Démissionner ? Ils ont le temps de voir venir. Un accord devrait être conclu seulement dans deux ans. Dans le doute, certains ont quand même demandé la nationalité belge… La problématique est la même pour les salariés britanniques du privé qui ne savent pas s’ils auront besoin d’un visa professionnel pour travailler hors du Royaume-Uni. 5. Nous sommes moins nombreux Logique. Au 1er janvier 2015, la population de l’Union européenne était de 508,2 millions d’habitants selon Eurostat, plus que les États-Unis à 321 millions d’habitants. L’Allemagne est l’État membre le plus peuplé avec 81 millions d’habitants, vient ensuite la France avec 66,3 millions puis… le Royaume-Uni avec 64,7 millions d’habitants ! Avec le Brexit, cela fait donc un sacré paquet de monde qui s’en va. Mais l’UE reste toujours devant les États-Unis (ouf !). Conséquence, la proportion de la population française dans l’Union européenne augmente, on passe de 13 % à 14,9 %. On se réjouit comme on peut. 6. Le championnat de foot anglais va-t-il devenir tout pourri ? Depuis 1995, l’arrêt Bosman autorise tout footballeur originaire d’un pays membre de l’Union à rejoindre le championnat anglais sans condition particulière. À ce jour, 66,5 % des joueurs évoluant en Premier League sont des étrangers. Avec le Brexit, c’est toute l’économie du plus prestigieux championnat du monde qui pourrait s’effondrer comme un vulgaire château de cartes… Sauf accord particulier avec l’UE, chaque joueur européen se verra obligé, comme le sont déjà les joueurs extra-communautaires, de disposer d’un permis de travail pour espérer s’installer outre-Manche. Selon une estimation de la BBC, 122 des 168 joueurs européens évoluant en Premier League pourraient se voir prier de quitter le Royaume-Uni. Parmi eux, plusieurs internationaux français tels que N’Golo Kanté, Anthony Martial, Yohan Cabaye ou Eliaquim Mangala, qui ne répondent pas aux critères requis pour obtenir ce fameux permis de travail. Ça tombe bien, on est prêt à les accueillir de nouveau en Ligue 1 ! 7. La domination de la langue anglaise, c’est fini ? Certes, les 24 langues des pays de l’UE sont acceptées comme langue de travail dans les institutions européennes. Mais c’est le français et l’anglais qui sont les plus utilisés. Cependant, le français, longtemps langue diplomatique, se fait détrôner par l’anglais. Alors ça y est, le Brexit signe-t-il la fin de cette montée en puissance ? Le retour à la suprématie diplomatique de la langue française ? Ne vous réjouissez pas trop vite, Froggies… L’anglais serait parlé par 38 % des Européens dont ce n’est pas la langue maternelle, selon un rapport de la Commission européenne de 2012. C’est donc la langue la plus parlée au sein de l’UE. Ce n’est pas un référendum qui va changer le mouvement engagé… Mais c’est peut-être le moment de renverser la tendance. Profitons de la faiblesse de l’ennemi. Comment ça, « sournois » ? 8. Chez Marks & Spencer, les scones seront plus chers… Amateurs de gastronomie britannique, ne craignez rien. Car on pourra toujours trouver des scones, des crumpets, la pâte à tartiner Marmite et d’autres produits alimentaires typiquement « british » en France. Mais ils pourraient coûter plus cher en fonction de l’accord qui va être conclu entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Les taxes douanières, si elles étaient mises en place, pourraient faire augmenter les prix. 9. La maquette mini-Europe de Bruxelles bouleversée À Bruxelles, sur le site du Heyzel, les visiteurs peuvent se promener dans une mini-Europe, un parc miniature des grandes villes de l’Union européenne. Mais que faire des maquettes de Big Ben et des villes de Bath et Douvres ? Déjà, aux pieds de Big Ben, de petits personnages d’une dizaine de centimètres de haut manifestent.« Nous avons mis deux groupes, un pro-Brexit, un autre contre le Brexit. Si la Grande-Bretagne sort de l’Union, voilà, cette maquette ne pourra pas rester parce qu’ici le thème c’est l’Union européenne », expliquait Claire Moreels, directrice administrative, sur le site de la RTBF dans un article du 20 juin. 10. On a découvert que Lindsay Lohan a une conscience politique Pour les plus ignorants d’entre nous, Lindsay Lohan est une actrice américaine qui a connu ses heures de gloire dans les années 2000 grâce à quelques films mais surtout à cause de ses frasques liées à la drogue. On ne l’attendait donc pas vraiment sur le terrain politique. La jeune femme de 30 ans, qui vit à Londres, a tweeté toute la nuit sur le référendum, interpellant différents médias, pronostiquant les conséquences économiques d’un Brexit et se réjouissant du résultat de Londres, majoritairement favorable au maintien. Et si le Brexit était utilisé à bon escient ? Face au résultat du référendum, tous les analystes pro-européens ne crient pas à la catastrophe. « Le paradoxe du Brexit est finalement qu’il pourrait relancer l’Union par la refondation de son pacte politique, analyse Antoine Ullestad, doctorant en droit de l’Université de Strasbourg sur le site universitaire The Conversation.Si elle est exploitée à bon escient, la sortie du Royaume-Uni pourrait s’avérer intéressante pour les États membres sur un plan politique, et pour l’Union elle-même, sur un plan idéologique. Et dans ce schéma, la France pourrait d’ailleurs jouer un rôle d’agitateur d’idées pour un retour de l’idée d’Union, sans concession. »
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Novembre 2016
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