Source : Sciencesetavenir.frBOOMERANG. ONG, célébrités et pétitionnaires étrangers par millions dénoncent le festival annuel de la viande de chien de Yulin. Une campagne contreproductive, qui encouragerait au contraire la consommation de canidés dans cette ville chinoise, estiment des habitants. "Mes ventes sont beaucoup plus élevées qu'avant, 50% de plus par rapport à l'an passé", assure à l'AFP Mme Lin, propriétaire d'une boucherie canine de Yulin. La petite ville de la région pauvre du Guangxi concentre depuis plusieurs années les regards désapprobateurs d'ONG étrangères pour ses scènes dérangeantes de chiens battus, voire bouillis vivants. Plus de 10.000 canidés sont abattus lors du seul festival, organisé pour le solstice d'été, et qui se tiendra cette année le 21 juin 2016. Déjà, les tensions sont vives. En mai 2016, des militants chinois ont intercepté une camionnette roulant en direction du Guangxi, chargée de 400 chiens et chats entassés. Mais ce genre d'action "coup de poing" peut avoir un effet boomerang : "En raison du tollé, davantage de personnes savent que Yulin accueille un festival de la viande de chien, donc tout le monde vient pour essayer", assure Mme Lin. "Et avec le festival qui se rapproche, les hôtels affichent complet." La commerçante a ouvert un service de livraison de viande canine car "un grand nombre de gens commandent en ligne" aujourd'hui. Même les amis des bêtes en conviennent : l'opposition frontale est contreproductive : "Avant, je pensais que nos ennemis, c'étaient les mangeurs de chiens", explique le gérant d'un refuge canin qui tient à rester anonyme. "Dorénavant, j'estime que nos ennemis sont les militants venus d'ailleurs." Ce farouche opposant du commerce de chiens a adopté un retriever sauvé d'un marché. Mais les protestations internationales sont pour lui du "sabotage", qui crispe les habitants et les pousse à défendre farouchement leurs traditions culinaires. "Les jolies filles ne sortent pas avec des mangeurs de chien" Les étrangers sont souvent accueillis avec suspicion à Yulin, et les bouchers locaux sont prompts à arracher les appareils photos des mains des visiteurs. "Quand les étrangers viennent en Chine en pointant tel ou tel problème, les gens s'énervent et n'écoutent plus", explique le gérant du refuge, qui assure lui aussi qu'"en raison du battage médiatique, la viande de chien est de plus en plus consommée." Andrea Gung, fondatrice de l'ONG américaine Duo Duo, qui a recueilli 2.5 millions de signatures contre le festival, a changé d'approche suite à l'hostilité rencontrée lors de l'édition 2015. "Tout le monde nous détestait", explique-t-elle. Son groupe sponsorise désormais des programmes sur le bien-être animal dans les écoles, espérant ainsi "ringardiser" la viande canine auprès des jeunes. "On vient avec des slogans comme : Les jolies filles ne sortent pas avec des mangeurs de chien", explique-t-elle, assurant que la plupart des amateurs sont des hommes, la viande canine étant réputée stimuler la virilité. Les opposants unis sous la bannière #StopYulin sur les réseaux sociaux La Chine ne dispose pas de loi de protection des espèces non menacées. Et si les critiques se concentrent sur Yulin, la viande de chien est consommée toute l'année dans plusieurs endroits du sud du pays, même si cette pratique reste marginale à l'échelle nationale. A Yulin, bourgade humide jalonnée de sites industriels désertés, des vendeurs ambulants tranchent des carcasses de chiens pour en débiter la viande à des hommes assis autour de tables constellées de bouteilles de bière. Les marchés, eux, ont des zones dédiées, et les publicités de restaurants affichent des photos de retrievers en pleine santé et le poil brillant. La Humane Society International (HSI), ONG basée aux Etats-Unis, estime qu'environ 300 chiens sont abattus quotidiennement à Yulin. Et cela, alors même que les animaux de compagnie connaissent un succès foudroyant en Chine depuis une décennie : près de 30 millions de foyers possèdent désormais un chien, selon Euromonitor. HSI a manifesté le 10 juin devant le bureau de représentation de la ville de Yulin à Pékin, et a envoyé au président Xi Jinping une pétition de 11 millions de signatures. La campagne #StopYulin est ainsi devenue une "des plus grosses" de HSI, explique Peter Li, spécialiste Chine de l'ONG, qui estime "très exagéré" de parler d'effet boomerang et de consommation accrue de viande canine à Yulin. "Qu'il y ait un contrecoup sur le court terme, oui. Mais sur le long terme, je ne suis pas inquiet."
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Novembre 2016
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