Source : Brazil3point0.comCeux qui sont des habitués de mes écrits trublionesques volontiers au vitriol le savent bien : il n’y a rien que je déteste plus que la sensation d’être un cul dans un champ de bites ! Or donc, aujourd’hui, je n’ai pas d’autre choix que de saisir mon clavier le plus rutilant, car le champ en question s’étend un peu trop à perte de vue et a —par ailleurs— pris des proportions totalement ubuesques. Mais laissez-moi vous raconter ça, avec la plus grande des objectivités, il ne s’agirait pas de venir compliquer encore plus la situation, dont vous saisirez de toute manière l’ironie sans que je n’aie à en faire des caisses.
Début février 2009, la dernière ligne droite du bouclage de notre mensuel « Crossroads » se termine, rituel oblige, par l’écriture de mon édito. Cet édito s’intitule « Petit bonhomme rock star ». Je ne peux pas le reproduire ici, pour d’évidentes raisons évoquées ci-après, mais il doit être facilement trouvable sur le net —et je suppose qu’il va même le devenir encore davantage suite à ce communiqué ! Il s’agit du numéro avec The Answer en couverture, pour ceux qui auraient conservé tout ou partie de leur collection. Dans cet édito, je me moquais (avec la finesse qui me caractérise —vil faquin un jour, vil faquin toujours, je l’avoue) des groupies et autres « fans de » vivant par procuration au travers de leur idole respective, au point d’en perdre totalement la notion des réalités —et aussi, disons les choses, de choper un peu beaucoup le melon. Jusque-là, rien de bien extraordinaire, puisqu’à ce moment-là, ayant débuté mes logorrhées une vingtaine d’années plus tôt, j’avais dû déjà aligner un peu toutes les catégories de personnes croisées au gré de mes pérégrinations professionnelles (et même ma propre pomme, puisque, comme vous le savez sûrement, la dérision n’a aucune valeur sans un minimum d’auto-dérision, mais peu importe). Jusqu’à présent, ça n’est pas bien passionnant, j’en conviens, mais trois mois plus tard, toc toc badaboum, je reçois une jolie assignation en justice pour… injures publiques (!!), avec, entre autres (notez bien le pluriel !), une demande de 50.000 euros de dommages et intérêts !… Oui, vous lisez bien. Soit exactement la somme qu’avait demandée Luc Besson, quelques années plus tôt, pour un article où, de fait, il était effectivement le sujet et qui était autrement plus violent. Luc Besson qui, pour poursuivre notre parallèle, avait été intégralement débouté et n’avait pas même fait appel. Quand est arrivée cette nouvelle assignation, je n’avais pas cru utile de perdre mon et votre précieux temps à évoquer publiquement cette énième attaque en justice, jugée par tous mes proches comme complètement fantaisiste, ni citer l’aimable ex-collaborateur (et oui !) à l’origine de la chose, et je pensais même que le procès ne serait pas validé. D’ailleurs, une première instance puis un appel confirmaient les conclusions de nullité de mon avocat. Mais c’était sans compter sur la belle hargne procédurière de mon adversaire auto-désigné, qui alla en cassation, ce qui lui permit ensuite de repartir à la charge, avec un jugement sur le fond. Jugement sur le fond que j’ai aussi gagné en première instance, et puis, le 30 mars dernier (quand l’avocat m’a fait suivre le jugement, j’ai cru à un poisson d’avril avec 24h d’avance, tellement c’était ahurissant !), bam, retournement complet de situation et me voilà condamné, pour injures publiques donc, par quelqu’un qui n’est pas même cité dans le texte incriminé. Parce que, voyez-vous, pour me venger de cette personne (sic), j’aurais décidé de l’injurier dans un édito, mais sans le nommer !!!… Au passage, ceux qui liront ou reliront le texte pourront aussi, à l’heure où tout le monde s’insulte sur les réseaux sociaux, chercher quel passage pourrait constituer une injure !… Mais bon, à la limite, ce débat-là, ne devrait même pas avoir lieu. Oui oui, vous pouvez relire ce qui précède, il s’agit bien là d’une décision de euh… justice… émise par une cour d’appel !… Oui, en France… Oui oui, la liberté de la presse et la liberté d’expression sont a priori encore des principes fondamentaux des systèmes démocratiques comme le nôtre. A priori donc… C’est d’autant plus amusant que je suis quand même un peu connu au-delà de ma cage d’escalier pour nommer mes ‘ennemis’ ou désignés comme tels, et leur rentrer dedans par prose interposée le cas échéant (le fameux procès contre Besson évoqué ci-avant, notre code à barres en forme de doigt d’honneur qui avait occasionné les foudres de notre distributeur presse, mes nombreux échanges fleuris avec Philippe Manœuvre, etc.). Dont acte ici puisqu’il s’agit maintenant de faire plaisir à un monsieur probablement en quête de gloire, à savoir, tadam, roulez tambours, sonnez trompettes et cliquetez triangles, monsieur… Hugues Barrière ! Oui, je ressens d’ici votre déception, vous vous attendiez à du croustillant et je sais bien que la très grande majorité d’entre vous n’a tout simplement jamais entendu parler de ce charmant personnage (même les lecteurs de Crossroads, puisqu’il n’a quasiment jamais rien écrit, ayant été embauché à l’origine pour… faire la comptabilité), mais les tribunaux eux en ont jugé autrement. Dans mon édito, je prends l’exemple d’un fan de Springsteen. Ce fan, ça ne peut être que ce monsieur. Et ouais ! Ça vous coupe la chique, pas vrai !?… Tout ceci nous ramène au titre du présent communiqué, et à la photo qui va avec. Car il se trouve que cette condamnation me coûte cher, très cher… D’autant plus que pour me pourvoir en cassation (ma seule solution juridique), il faut d’abord payer, car cela n’est pas suspensif. N’ayant pas cet argent (tout mouillé, avec la constitution d’un avocat de cassation, etc., on parle quand même d’une fourchette d’environ 15-20.000 EUR !), et ne trouvant aucune solution, j’ai accepté (bien que ce soit un tantinet embarrassant, je l’avoue) le soutien de plusieurs proches et associations, qui ont constitué un comité de soutien, qui est associé à une pétition et même à une cagnotte privée, dont voici les liens : Comité/pétition : par ici pour une autre lecture et une petite signature Cagnotte : par ici la solidarité, les petits amis ! Par ailleurs, pour ceux qui le désireraient, il y a aussi possibilité de commander mon recueil —justement— d’« Éditos, Chouquettes Stories et autres Machins », même qu’il ne coûte que 10 euros + 3,50 euros de frais de port. Chèque à l’ordre de Goof Prod, à envoyer à : Christophe Goffette, Chemin du Haut des Buissons, 95430 Auvers-sur-Oise. Bref, c’est la chasse aux brouzoufs tous azimuts pour ne pas donner raison à ce Monsieur (coutumier du fait, tenez, un exemple de litige devant les tribunaux contre un de ses propres auteurs, quand il avait sa petite boîte d’édition > ici) et, plus largement, pour écarter le danger qu’une affaire jugée de façon légère ne fasse pas jurisprudence, ce qui, pour le coup, serait vraiment dommageable. Ceci dit, si tel est le cas, hop, j’en fait direct ma source principale de revenus. Il me suffira d’éplucher la presse, en quête de contenu éditorial un peu corrosif, puis de faire témoigner trois potes qui diront que, ah ben, oui, c’est moi là dans tel ou tel papier, qu’ils m’ont trop super reconnu et zou, par ici la rente. Nota : pour la blague, je tiens à préciser que la photo n’est pas truquée (bon, sauf les tatouages, que Mère Supérieure soit ici rassurée !), que le 25cm n’a pas été rajouté après (la baseline de nos magazines n’était-elle pas « de la musique avant toute chose », merci Verlaine) et aussi qu’il s’agit du 78 tours « Joli Chapeau » d’Eddie Barclay, histoire de rappeler aux plus jeunes d’entre vous de bien sortir couverts !… Merci de m’avoir lu, surtout que, comme le disait si bien Georges Perros, « J’écris parce que personne n’écoute ». Et je terminerai par ces quelques mots, extraits d’une chanson de The Clash, « Know your rights », qui ouvre l’album Combat Rock, car non seulement ils sont tristement d’actualité, mais aussi collent-ils parfaitement à la situation : « You have the right to free speechAs long as you’re not dumb enough to actually try it »
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