Source : Ouest-France.fr par Alexiane LerougeLe réchauffement climatique va-t-il provoquer le retour de la variole ? Les cas récents d’anthrax dans le Grand Nord russe ont révélé les dangers sanitaires liés à la fonte du permafrost, ce sol gelé où sont piégés des virus redoutables, depuis parfois des millénaires. C’est une certitude au nord de la Sibérie, dans la région russe de Iamalo-Nénétsie : le réchauffement climatique tue. Là-haut, au-delà du cercle polaire, des communautés de bergers nomades ont été frappées par un retour de la maladie du charbon (ou anthrax) il y a quelques semaines. Cette bactérie mortelle avait disparu de la région depuis 1975. Elle a pourtant infecté 24 personnes à la fin du mois de juillet et tué un jeune garçon. L’origine du phénomène ? Le dégel d’un cadavre de renne contaminé il y a 75 ans et conservé dans le permafrost. C’est en tout cas l’explication la plus évidente pour les scientifiques russes engagés dans l’endiguement du fléau, et pour cause : au mois de juillet, le mercure a parfois atteint les 35 °C dans le district de Iamalo-Nénétsie. Ces virus qui attendent le dégel À la vitesse où fond le permafrost (le sol gelé en permanence), il y a de quoi s’inquiéter, et nombreux sont les experts qui tirent la sonnette d’alarme. « Est-ce qu’un tel processus peut se répéter ? Bien sûr », a prévenu Boris Kerchengoltz, chercheur à l’Institut russe des Aléas biologiques du permafrost. Les risques sanitaires sont d’ailleurs loin de se limiter à l’anthrax : les chercheurs ont découvert des « virus géants » dans des dépouilles de mammouths, a expliqué en conférence de presse Viktor Maléïev, directeur adjoint de l’Institut de recherche russe d’épidémiologie. Le chercheur évoque également « des restes de variole » datant du XIXe siècle. « Je pense que le changement climatique va nous apporter bien des surprises, avertit cet expert. Je ne veux effrayer personne, mais nous devrions y être prêts. » L’idée d’une résurrection de la variole a de quoi faire peur, en effet. Il s’agit du virus le plus meurtrier l’histoire, avec plus de 300 millions de victimes au XXe siècle. Combattu par de grandes opérations de vaccination dirigées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce monstre n’a plus fait la moindre victime depuis le début des années 1980. « C’est la seule grande maladie qui a été complètement éradiquée grâce à une campagne de vaccination humaine, fait remarquer Arnaud Fontanet, responsable d’unité d’épistémologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur. Aujourd’hui, le virus de la variole n’existe plus que dans deux laboratoires de haute sécurité », sous le contrôle de l’OMS, précise-t-il. Mais alors, quid des traces trouvées dans l’Arctique ? L’homme est « prêt »
« Pour moi, il n’y a pas de crainte à avoir. L’anthrax et la variole ne sont pas vraiment comparables, rassure le chercheur. On ne peut pas dire avec certitude absolue que c’est impossible, nuance-t-il,mais si le virus ressortait dans l’Arctique, il faudrait un concours de circonstances exceptionnel pour qu’elle puisse contaminer un humain… » En Iamalo-Nénétsie, la bactérie responsable de la maladie du charbon s’est d’abord disséminée sous forme de spores. Elle a infecté des troupeaux de rennes, nombreux dans la région. Elle a touché les humains via la consommation de viande. « La variole, elle, n’a pas de réservoir animal. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas d’animal porteur connu pour transmettre le virus. » Et en cas de scénario catastrophe ? Nous serons prêts, explique le chercheur :« Il reste de très grandes quantités de vaccins, conservés par l’OMS, qui suffiront à protéger les populations. D’ailleurs, le vaccin pour la variole est efficace en une dose. » John Aksel Billicz, directeur de l’hôpital de Longyearbyen, sur l’archipel arctique du Svalbard, n’a pas peur non plus de la grande méchante variole. « Il y a bien eu des épisodes d’épidémie de variole dans des régions polaires au XIXe. Mais le virus n’est certainement pas resté actif dans la terre, surtout dans des sépultures humaines » Il se souvient d’une expédition de chercheurs, venus déterrer des cadavres au cimetière de Longyearbyen. Ceux de sept jeunes hommes morts de la grippe espagnole en 1917… Les corps étaient bien là, et bien conservés… « Mais ils n’ont pas trouvé de virus. Rien. Pas une trace » L’affaire est devenue une légende, et a été oubliée.
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Novembre 2016
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