Source : Atlantico.frDans un essai daté de 50 ans et retrouvé en octobre 2014, Isaac Asimov percevait avec une étonnante clairvoyance l’importance de la puissance créatrice de chaque homme, propre à mobiliser l’intelligence collective de la société.
Comment stimuler la créativité et l’innovation aujourd’hui ? Par un saut dans le passé d’un demi-siècle, nous dirait le scientifique Arthur Obermayer. En octobre 2014, il retrouva parmi ses dossiers un article fort intriguant écrit par son ami Isaac Asimov en 1959. Le maître de la science-fiction s’y interroge sur l’environnement idéal pour produire des idées nouvelles (1). Asimov est un visionnaire. Cette assertion est presque devenue une évidence lorsqu’en 1964, au cours de sa visite de l’Exposition universelle de New York, il imagine avec une effrayante exactitude le monde tel qu’il le conçoiten 2014 (2). En 2015, l’essai d’Isaac Asimov est une cuvée millésiméePublié quelques années auparavant, cet essai sur la créativité apparaît particulièrement percutant dans les enseignements qu’il véhicule à nos consciences modernes. En 1959, Isaac Asimov et Arthur Obermayer travaillent pour la Darpa, l’agence de Défense américaine, à des recherches sur la façon la plus créative de déployer un bouclier antimissile. Asimov, craignant de voir sa liberté d’expression limitée par les informations classées secrètes, quitte le groupe. Il laisse un essai intitulé « De la créativité », qui ne franchit jamais le cercle confidentiel de la Darpa.En 2014, l’article est redécouvert par Arthur Obermayer avant d’être publié en intégralité le 20 octobre sur le site de la MIT Technology Review. Après plus de 50 ans dans un tiroir, l’essai d’Asimov est pour le quinquagénaire que je suis, une cuvée millésimée. La thèse part d’un constat simple : quel que soit leur degré d’amélioration, les processus technologiques restent inadéquats à déployer un système de défense balistique sophistiqué. Il y manque un facteur humain : la créativité. Cette thèse résonne aujourd’hui avec uneforce particulière, car ellerésume deux idées-clés qui fondent le management du XXIe siècle. D’abord, l’idée que la puissance créatrice de l’homme constitue encore l’une des rares ressources inépuisables (3). Dès lors, une innovation infinie est possible en dépitde ressources économiques rares. Ensuite, l’idée que la somme des créativités individuelles, agencées et exploitées de façon intelligente, devient le support d’une immense intelligence collective. Et un formidable levier d’innovation et de performance pour nos organisations. Cinq façons de stimuler la créativité collective dans un environnement donné. À l’heure où nous traversons l’une des plus grandes crises économiques et sociétales, où les entreprises sont sommées de produire plus et mieux avec moins de moyens, dans des foyers où l’hyper-connectivité prend le pas sur la conversation, nos sociétés s’interrogent sur ce retour de l’inventivité, de la créativité, de la générosité et de la spontanéité dans les relations et plus encore les organisations. Il y a plus d’un demi-siècle, Isaac Asimov avait répondu à nos angoisses contemporaines. Il avait perçu l’intérêt d’exploiter les possibilités du cerveau humain au service de l’innovation. Il avait prédit la nécessité de valoriser les esprits pour faire grandir la société, en mieux. Il avait compris que la motivation individuelle, si l’on sait la faire émerger, révèle l’intelligence collective et démultiplie la performance socioéconomique.Se replonger dans ces lignes est l’occasion aujourd’hui de revisiter et redécouvrir des méthodes de gestion ancestrales visant à encourager cette « créativité »propre à chaque individu. Isaac Asimov fournit cinq idées-clés pour stimuler la créativité, qu’il décrit comme applicable à tous les domaines de recherche. Premièrement, la confrontation des intelligences. Il recommande de rassembler des experts et des excentriques, afin de produire des connexions intellectuelles inattendues propres à faire émerger des idées nouvelles. Une innovation improbable a priori ne devient raisonnable qu’après avoir émergé dans la conscience collective. Le second principe tient au contexte de travail, qui doit inspirer la confiance. Asimov remarque que la créativité dans un groupe a tendance à être perçue négativement voire tacitement muselée. Le collectif exerce une force coercitive qui contraint chaque salarié à se rallier à l’opinion majoritaire. Une fois les talents rassemblés, il convient de « libérer la parole » de chacun au sein du collectif. La taille des équipes est ensuite le pendant indispensable d’un épanouissement individuel. Asimov expose les bienfaits d’une organisation du travail privilégiant les petits groupes de réflexion, car elle favorise la proximité des esprits et la cohérence des informations. La taille des équipes impacte également l’absentéisme (4). Le cadre organisationnel étant posé, la créativité peut émergeruniquement d’un environnement de travail qui cultive une certaine légèreté et dénué d’enjeu de responsabilité. La créativité n’est finalement que l’effet collatéral d’un temps de réflexion informel, qui devient naturellement le lieu d’une production collective. Asimov livre un coup de grâce avec son dernier principe : la présence indispensable d’un psychanalyste et d’un arbitre pour animer les sessions de créativité collective. La créativité n’est pas synonyme d’émergence anarchique de la pensée ; elle dépend d’un encadrement interne rigoureux. Ces cinq idées simples constituent un véritable guide pour rendre nos sociétés plus prospères et nos organisations plus performantes. Asimov nous démontre que si la créativité ne se décrète pas, elle est latente en chacun de nous. Et quelles conditions favorables à son développement n’attendent qu’un décisionnaire méthodique et audacieux pour émerger. Dans nos sociétés envahies par la technologie et les processus, l’enjeu de stimuler la créativité apparaît plus que jamais d’actualité, car l’intelligence collective est la clé de la prospérité de nos organisations.Pourquoi Asimov ? Justement parce que ces cinq principes ne sont ni l’apanage de théories de science-fiction ni le privilège d’un contexte soixante-huitard qui ne connaissait pas la crise. Sous réserve que l’on se les approprie avec intelligence, ils peuvent avoir une implication directe sur notre façon de transformer nos organisations. Laissons-nous alors porter 50 ans en arrière et suivons cette méthode simple : remettre l’humain au centre. Face à un État qui n’est plus en mesure de construire seul la société qui permette l’épanouissement et la reconnaissance personnels, l’organisation prend le relais. Si l’on comprend que chaque être humain a un besoin vital de laisser une trace, d’accomplir le geste qui lui est propre et qui le révèle, c’est que l’on a intégré la clé d’un management efficace, tourné vers l’humain.Certaines entreprises s’y attellent déjà, s’appuyant sans le savoir sur des méthodes managériales inspirées d’Asimov. Lire la suite sur Atlantico.fr
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Novembre 2016
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