Source : LeMonde.fr par Philippe MesmerUn deuxième réacteur nucléaire a redémarré, jeudi 15 octobre au Japon, dans une certaine indifférence. Il s’agit de la tranche numéro 2 de la centrale Sendai, installée à Satsumasendai dans le département de Kagoshima (sud-ouest) et propriété de la Compagnie d’électricité du Kyushu (Kyuden). Cette même installation abrite le premier réacteur ayant repris du service après l’arrêt du parc nucléaire nippon ayant suivi la catastrophe de Fukushima de 2011. C’était en août et, à l’époque, la relance s’était déroulée sur fond d’importantes manifestations ayant mobilisé jusqu’à l’ancien premier ministre Naoto Kan, en poste de juin 2010 à août 2011. Cette fois, quelque 70 personnes se sont rassemblées devant la centrale pour exprimer leur « inquiétude persistante ».
Le redémarrage du deuxième réacteur de Sendai a peu été couvert par la presse et le gouvernement du premier ministre Shinzo Abe n’en a guère parlé. La relance du nucléaire, toujours impopulaire, fait pourtant partie de ses priorités. Selon l’engagement nippon sur la réduction des gaz à effet de serre dévoilé en juin dans la perspective de la COP21, l’atome devrait générer 20 % à 22 % de l’électricité nippone en 2030. Le puissant ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) appuie cette orientation. Chargé des questions énergétiques, il aurait selon l’hebdomadaire de centre gauche Sunday Mainichi tout fait pour saboter la politique amorcée en 2011 après Fukushima par M. Kan qui voulait orienter le Japon vers la sortie du nucléaire à l’horizon 2040. Réduire la facture énergétiqueProches de M. Abe, les grandes entreprises ont également poussé dans ce sens, avec pour objectif premier de réduire la facture énergétique. Le Japon a augmenté ses importations de gaz et de charbon pour compenser l’arrêt de ses centrales nucléaires. Dans le même temps, le METI comme les géants de l’industrie souhaitent exporter les technologies nucléaires nippones. Certains des 42 réacteurs encore en service pourraient redémarrer dans les années à venir. Le numéro 3 de la centrale Ikata, dans le département d’Ehime (ouest), pourrait être le prochain, même s’il a été bâti à proximité de la ligne tectonique médiane du Japon, l’une des zones de failles les plus actives et donc les plus dangereuses. Ce point rappelle les problèmes liés à la catastrophe de Fukushima, provoquée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Outre les problèmes du démantèlement d’un site ayant subi la fonte de trois de ses six réacteurs, la persistance du risque sismique et les difficultés pour empêcher les écoulements d’eau hautement contaminée, les questions sanitaires restent posées. Le 7 octobre, une équipe dirigée par Toshihide Tsuda, chercheur de l’université d’Okayama, a mis en ligne sur le site de la publication médicale Epidemiology les résultats d’une étude mettant en évidence « un excès de cancers de la thyroïde détectés par ultrasons chez les enfants et les adolescents du département de Fukushima dans les quatre ans qui ont suivi l’accident nucléaire ». Cancer de la thyroïde en hausse à FukushimaLa quasi-totalité des 370 000 enfants du département ont été examinés. Selon les plus récentes statistiques, dévoilées en août, 137 cas suspects ou confirmés de cancer de la thyroïde ont été détectés, 25 de plus qu’il y a un an. Or la moyenne des cas de ce cancer ne dépasse pas les 1 à 2 par million d’enfants au Japon. « C’est 20 ou 50 fois plus que ce que nous attendions », fait remarquer M. Tsuda. « Il semble difficile d’expliquer ces cas par l’augmentation des examens ». « Sans mesure d’exposition aux radiations, nuance cependant Shoichiro Tsugane, directeur du Centre national de recherche sur la prévention du cancer, aucun lien spécifique ne peut être établi entre les cas de cancer et les radiations. » Des chercheurs font également remarquer que les quantités d’iode radioactif – à l’origine des cancers de la thyroïde – rejetées dans l’atmosphère au moment de la catastrophe de Fukushima étaient très inférieures à celles de Tchernobyl. En Ukraine et en Biélorussie, les premiers cancers de la thyroïde avaient été observés quatre à cinq ans après le drame. Lire aussi : Le Japon relance le nucléaire, malgré l’hostilité de sa population
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Novembre 2016
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