Source : ParisMatch.com par ISABELLE LÉOUFFREOn connaît tous des cas de deuil où surgit l’impression de « présence » du défunt. Pour beaucoup, consulter un médium est un moyen de nouer un contact intelligible avec le disparu. Les exemples
sont si nombreux qu’un journaliste a cherché à en savoir plus. Son livre* bouscule de nombreuses certitudes. Paris Match. Avec votre “Test”, vous nous entraînez aux frontières du réel. Quelle est la genèse de cette aventure ? Stéphane Allix. La mort de mon frère, en 2001, dans un accident de voiture en Afghanistan, a bouleversé ma famille et imposé le sujet de la mort au cœur de notre existence. Depuis, je n’ai cessé de me poser des questions et j’ai complètement réorienté mon travail de journaliste : du reportage sur la guerre, le trafic de drogue, le terrorisme, j’ai basculé vers les phénomènes inexpliqués. Pour entrer en contact avec votre frère ? Pour comprendre. Pour moi, avant sa mort, les sujets qualifiés de « surnaturels » n’étaient pas sérieux. Puis j’ai découvert des témoignages troublants, des livres, et surtout des travaux de chercheurs sur les expériences de mort imminente (EMI), notamment. En enquêtant, j’ai commencé à mesurer ce que nous prenons pour une certitude scientifique “il n’y a rien après la mort”, ne repose sur aucune preuve. Qu’est-ce qu’une EMI ? Des milliers de gens racontent avoir vécu un état de conscience éveillé alors qu’ils étaient en état de mort cérébrale. J’ai alors interrogé des médecins : est-ce un rêve, une hallucination ? Les EMI demeurent encore inexpliquées, mais j’ai découvert que l’ensemble des phénomènes extraordinaires, qui vont de la médiumnité au sixième sens en passant par les expériences aux frontières de la mort sont scientifiquement étudiés. Avez-vous eu des réponses ? Oui. Il est admis que la conscience est produite par le cerveau, comme la bile l’est par le foie. Si le cerveau est en état de mort clinique, la conscience devrait s’arrêter. Or, c’est l’inverse qui se produit lors des EMI. Est-ce une activité résiduelle dans le cerveau ? La persistance d’un esprit, d’une âme indépendante capable de lui survivre ? Aujourd’hui, cette hypothèse est prise très au sérieux par une partie du monde médical. Cela peut-il avoir un lien avec la physique quantique ? Pourquoi pas ! Que nous dit-elle ? Que la réalité, ce que l’on perçoit comme un monde de matière, n’est pas constituée de matière mais de vibrations qui échappent au temps et à l’espace. Existerait-il dans notre cerveau des zones capables de percevoir ce monde quantique et, par là même, les esprits immatériels des défunts ? Des chercheurs, comme l’Américain Stuart Hameroff, le supposent après la découverte de possibles échanges s’opérant au niveau des synapses, ces zones par lesquelles les communications s’établissent entre les neurones. Si notre cerveau peut détecter des vibrations quantiques, c’est sans doute à ce niveau que les médiums captent les défunts. Hameroff n’en est encore qu’aux hypothèses. C’est à la mort de votre père que vous décidez d’écrire “Le test” ? Oui. Je savais qu’il aurait aimé participer à une telle expérience. J’ai caché des objets dans son cercueil. Je n’en ai parlé à personne, pas même à ma femme. Mon hypothèse était la suivante : mon père est vivant quelque part, aussi je lui demande de dire à des médiums que je vais aller interroger quels sont ces objets. Quelle est votre conclusion ? Mon père y est parvenu. C’est stupéfiant, incroyable, extraordinaire ! Les résultats de mon test accréditent l’hypothèse que la vie se poursuit après la mort. Ne serait-ce pas notre ADN qui communique avec l’ADN du médium, ou une forme de télépathie ? Mais c’est aussi bizarre que quand un médium vous dit qu’il communique avec les morts ! Dans mon livre, je détaille les expériences des chercheurs et les hypothèses conventionnelles – fraude, mentalisme, autosuggestions – en isolant le médium. Et ça marche ! Seul dans une pièce, coupé de tout, il obtient la même communication claire et précise avec des défunts. C’est vérifiable. Mon “Test” en apporte la confirmation en donnant la parole aux médiums qui décrivent en détail leur démarche. Peuvent-ils nous conditionner si nous sommes fragiles ou crédules ? Les gens qui les consultent sont la plupart du temps en deuil, donc fragilisés et plus facilement influençables. Il faut être vigilant. Je donne d’ailleurs des conseils pratiques. Mais je vous parle ici d’expériences conduites en laboratoire et dans des conditions rigoureuses, comme ce que j’ai fait moi-même durant ce test. Pour entrer dans cet état de conscience modifié, pensez-vous que les médiums soient différents de nous ? Ils ont une hyper-intuition stupéfiante ! La qualité d’un médium se juge à sa façon d’être à la fois présent avec nous tout en parvenant à faire le vide pour se connecter à ce monde invisible. La plupart des gens ne sont pas capables de discerner ce qui provient de leur intuition de ce qui constitue leur imagination. Quels ont été les points communs entre les six médiums que vous avez consultés ? Ils ont tous capté plusieurs défunts de ma famille en plus de mon père. Voilà un autre point stupéfiant : les médiums ont décrit les mêmes personnes, parfois en donnant leurs noms. Croire que ces résultats sont dus à un heureux hasard est irrationnel. Votre livre est-il une façon de faire le deuil à la fois de votre frère et de votre père ? Non. C’est une enquête journalistique, objective et rigoureuse. Certes, savoir que le défunt continue son existence ailleurs et qu’il va bien peut aider à accepter cette séparation totale. Après une séance chez le médium où vous avez senti la présence de votre père, qu’avez-vous pensé ? Je sais qu’il va bien. Des éléments rationnels m’ont convaincu que la vie n’est pas réductible à notre existence physique. Ensuite, ce que les médiums m’ont expliqué de la mort a fait naître en moi l’intuition que la façon dont mon père a vécu son existence colore sa vie après la mort. Ce n’est pas une vision religieuse ni morale de l’existence, c’est un fait observé par des médiums : ce que l’on réalise de notre vivant a un impact sur notre vie d’après. Les médiums lâchent-ils leur ego pour se connecter ? Oui, car l’ego nous protège en filtrant le monde extérieur. L’inconvénient de ce filtre est qu’il nous empêche aussi de recevoir des messages utiles que seuls les médiums entendent. Les médiums auraient-ils une faille ? Don, fragilité ? Une des médiums que j’ai testés a frôlé le monde de la folie et est parvenue à trouver son équilibre tout en apprenant à maîtriser ses perceptions. Mais qu’est-ce que la folie ? Cette femme est équilibrée, alors que son frère souffre de schizophrénie. Il semble victime des mêmes perceptions que sa sœur. Elle parvient à les intégrer alors que lui est submergé. La folie est-elle une trop grande ouverture à un monde invisible ? Cette piste de réflexion passionne de nombreux psychiatres. En tout cas, la médiumnité n’est pas un super-pouvoir mais un sacerdoce. Le sens de l’abnégation des médiums m’a beaucoup impressionné. Est-ce que certains morts ne veulent pas partir ? Oui, et ils sont nombreux. Dans notre société où la spiritualité a disparu, une majorité de gens meurent sans savoir ce qu’il y a après ; il semble qu’ils soient un peu perdus une fois de l’autre côté… Vous dites que nous continuons à évoluer après la mort… Et nos caractéristiques psychologiques sont amplifiées. Il n’y a plus le corps qui nous structure, nous bloque dans le temps et l’espace. Là-bas, nous sommes dans une liberté totale. Et si nous maîtrisons mal certaines de nos émotions de notre vivant, après la mort nous aurons encore plus de difficulté à les contrôler. Un lama tibétain m’avait dit : “Si vous voulez savoir à quoi ressemblera votre mort, regardez vos rêves.” En effet, d’un point de vue psychologique, la mort ressemble à un rêve : parfois magnifique, tantôt déroutant, incontrôlable, inquiétant ou sublime, il est le fruit de nos émotions libérées de toute contrainte. Il semble donc qu’il en soit ainsi dans l’au-delà. Mais où part le défunt ? Au moment où la personne meurt, des proches décédés l’attendent pour l’emmener dans ce que j’appelle “le monde invisible”. Même les médecins et les infirmiers qui travaillent en soins palliatifs le décrivent. C’est, par exemple, une vieille dame en parfaite santé mentale qui dit : “Vous voyez mon mari assis dans le fauteuil ? Il m’attend.” Elle seule le voit. C’est comme si, à l’approche de la mort, les deux mondes se rapprochaient. Au moment du passage, il se dégage une énorme énergie ; je l’ai vécue avec mon père. Comme si l’on me prenait par les épaules et que l’on me secouait. Ce n’est pas juste l’émotion. Christophe Fauré, psychiatre spécialisé dans le deuil, avec qui je m’entretiens à la fin du livre, évoque les mêmes témoignages rapportés par ses patients. Et les proches défunts qui viennent chercher le mourant sont toujours bienveillants. La terre est peuplée de beaucoup de gens malveillants, alors pourquoi, dans l’au-delà, deviendraient-ils bienveillants ? Ceux-là restent malveillants ! S’il n’a pas changé de comportement avant de mourir, un mari qui bat sa femme va continuer à avoir les mêmes pulsions. La mort ne nous délivre pas, comme par magie, de nos défauts, de nos blessures non soignées. Mais, à chaque seconde, les êtres vivants comme les morts peuvent s’apaiser et guérir. Donc si nous rencontrons des bourreaux dans l’invisible, on peut se retrouver en danger ? C’est angoissant ! Les médiums expliquent que nous ne sommes pas tous placés au même niveau. Sur terre, on se trouve tous sur le même plan. Mais, de l’autre côté, les gens qui sont en proie à une grande confusion intérieure sont plus ou moins ensemble. D’où l’intérêt de travailler sur soi quand on est sur terre. Le libre arbitre existe. Comment les défunts communiquent-ils avec les médiums ? Ils se rapprochent de notre monde. Cela demande de l’énergie aux médiums et aux défunts. Plusieurs médiums m’ont dit : “Ton père est très loin, il est obligé de se rapprocher.” A l’instar d’un tunnel ou d’un passage conduisant du monde des morts vers celui des vivants et vice versa. Médiums et défunts se rencontrent au milieu, là où s’opère la communication. Peut-on retenir un défunt ? Si vous êtes mort et que vous voyez vos proches inconsolables, vous aurez probablement envie de rester près d’eux pour essayer de leur dire que tout va bien. Mais, rassurez-vous, sous la douche, ils sont discrets ! [Il sourit.] En cas de décès brutal ou accidentel, certains défunts ne savent pas qu’ils sont morts. C’est une constante quand la mort est subite : ils ont plus de difficulté à la réaliser. Christelle, une des médiums que vous avez testée, côtoie des gens en fin de vie à l’hôpital car elle est aide-soignante. Elle voit l’esprit de personnes dans le coma se promener dans les couloirs. Comment savoir si elle n’a pas des visions ? Qu’en pense la psychiatrie ? La psychiatrie explique que les hallucinations sont liées à un tableau psychologique caractéristique de déséquilibre. Or, quand Christelle et les autres médiums parlent de leurs visions, ils décrivent certes des scènes “anormales”, mais leur propre vie, leurs comportements, sont ceux de personnes équilibrées qui ne sont pas en souffrance. Ces visions ne peuvent pas s’expliquer par un problème pathologique. Vous affirmez que l’on a tous des guides. Comment se connecter à eux ? En faisant le silence en nous quinze minutes par jour, par exemple, afin de créer un espace d’accueil. Ils sont là pour nous aider, encore faut-il parvenir à les entendre dans le brouhaha mental qui agite notre cerveau. Faites ce simple exercice et vous verrez que, au bout d’une semaine, vous commencerez à discerner des intuitions. Les guides vous parlent à travers elles. Quels changements se sont opérés en vous depuis cette expérience ? J’essaie d’être quelqu’un de bien parce que cela me suivra dans l’au-delà. Je travaille afin qu’une partie de mon activité de journaliste soit au service des autres. L’idée qu’une transcendance existe m’a été donnée par le contact avec l’être qui a été mon père. Je sais que ma mort sera le couronnement de mon existence. Nous sommes tous immortels, mais nous devons passer par cette étape qu’est la mort. La vie nous impose des épreuves, j’essaie d’apprendre d’elles. Une blessure va-t-elle me détruire ou me construire ? La mort de mon frère a été un drame absolu, mais elle m’a obligé à me poser d’autres questions et, aujourd’hui, je suis apaisé. Dans notre société, nous considérons le plaisir comme la source du bonheur, mais la vie n’est pas que du plaisir, et le bonheur naît de nos confrontations à des choses positives comme à des événements plus difficiles. C’est notre capacité à faire face qui, paradoxalement, donne du sens à notre existence. Ce qui rend la vie des êtres humains si dure, c’est l’absence de sens. *Stéphane Allix est journaliste. Fondateur de l’Inrees et du magazine « Inexploré », il est l’auteur et l’animateur des « Enquêtes extraordinaires » sur M6. Il vient de publier « Le test. Une enquête inouïe : la preuve de l’après-vie ? » éd. Albin Michel.
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Novembre 2016
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