Source : Ouest-France.fr par Klervi DrouglazetTreize ans après la découverte d’un tunnel souterrain à Teotihuacan, un site archéologique abritant les plus grandes pyramides jamais construites en Amérique précolombienne, le mystère qui entoure la civilisation de la cité des dieux se lève peu à peu. Le magazine du Smithsonian, le CNRS américain, vient de publier un reportage retraçant les découvertes des archéologues. Au cœur des plaines d’altitude de la vallée de San Juan, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Mexico, s’élèvent vers le ciel les plus grandes pyramides jamais construites en Amérique précolombienne. Bienvenue à Teotihuacan, un site archéologique vieux de 2 000 ans, parmi les plus mystérieux au monde. « La cité où les hommes se transforment en Dieux ». La signification de Teotihuacan, le nom donné à ce lieu par les Aztèques en langue nahuatl, est à la hauteur du paysage : céleste. La légende raconte que la cité fut le théâtre d’une réunion où les dieux ont créé le soleil et la lune. Le site colossal est traversé par l’allée des morts, un boulevard de quatre kilomètres reliant la pyramide de la Lune à celle du Soleil qui s’achève au temple de Quetzalcóatl, aussi appelé pyramide du serpent à plumes. Et de part et d’autre de l’Allée, des temples et autels, en forme d’escaliers monumentaux, trônent. Au bout du tunnel En 2003, à la suite de pluies torrentielles, un tunnel d’une profondeur de 18 mètres et long d’une centaine de mètres a été découvert sous la troisième plus imposante pyramide de Teotihuacan : celle du serpent à plumes. Depuis des décennies, des archéologues travaillent pour tenter de comprendre cette civilisation encore inconnue. Qui dirigeait la cité ? Quel était le régime politique ? Quelle langue parlaient-ils ? Et leur religion ? Les vestiges de Teotihuacan demeurent l’une des plus grandes énigmes de l’archéologie. Un rayonnement certain Seul le rayonnement de Teotihuacan (de 100 ans avant J.-C à 750 ans après J.-C) ne fait pas de doute. À son apogée, la cité pré-aztèque abritait près de 200 000 personnes. Les scientifiques estiment que son pouvoir économique, politique et culturel avait de l’influence jusqu’à l’actuel Guatemala. Car les archéologues ont trouvé des traces de cette influence sur la civilisation maya. Le magazine du Smithsonian, l’institution américaine de recherche scientifique, vient de publier un reportage retraçant les découvertes de l’archéologue de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire (Inah) Sergio Gomez et de son équipe. Depuis treize ans. Et pour cause, il sonde sans relâche les sous-sols de cette civilisation énigmatique. Bijoux, coquillages et ossements En avril 2015, Sergio Gomez avait découvert du mercure dans une des chambres souterraines à l’extrémité du tunnel sacré. Pour les archéologues, il s’agissait d’un indice qui pouvait conduire à la tombe royale du souverain de la cité. Un an plus tard, il n’en est rien. Mais pour l’heure, les scientifiques ont recensé (que) près de 75 000 artefacts : des coquillages, des poteries, des bijoux, des statuettes, des balles en caoutchouc, des ossements d’animaux et des fragments de peau humaine. Pour David Carballo, professeur d’archéologique à l’université de Boston, l’objet le plus« passionnant » est, contre toute attente, les balles de caoutchouc :« Ces balles de caoutchouc encore intactes devaient être utilisées pour des jeux de balles. Nous n’avons jamais vu cela avant à Teotihuacan ! » Une pièce sacrée
Ces objets sont entreposés dans une pièce au bout du tunnel. « Un lieu de création qui aurait été vu comme sacré », estime Sergio Gomez qui « interprète cette espace comme un lieu de reconstitution de la pègre ». Les scientifiques suggèrent que la religion pratiquée dans ces pyramides était semblable à la religion pratiquée dans les cités mayas de Tikal et El Mirador, à des centaines de kilomètres plus au sud : adoration du soleil, de la lune et de la constellation des étoiles. De plus, les animaux étaient vénérés, comme en témoignent les sculptures de serpent à plume ou de jaguar gravées dans la roche des pyramides. La fin d’un monde Plus de 700 ans après sa création, la cité pré-aztèque a été abandonnée. Mais qu’est-ce qui a provoqué la chute de Teotihuacan ? À la vue de ces milliers d’objets restés là, dans les méandres des pyramides, les archéologues suggèrent un départ inopiné de la population. Pour Sergio Gomez, « des affrontements avec d’autres cités locales ainsi que des incendies ont balayé Teotihuacan. » Pour Matthew Shaer, le reporter du magazine Smithsonian, si les anciens habitants n’ont pas été tués dans une potentielle guerre civile, ils ont été « vraisemblablement éparpillés dans les cités voisines », ou « ont repris la route commerciale comme leurs ancêtres, de l’ère mésoaméricaine. » Et ainsi, emportés avec eux, l’histoire de leur civilication.
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Novembre 2016
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