Source : Ouest-France.fr par Cédric RousseauOn pense souvent que se soigner par les plantes, c’est bon pour un rhume ou un manque de sommeil, mais guère plus… Or la phytothérapie peut avoir des effets très puissants sur la santé. Elle se veut une alternative à la médecine « classique » pour bien des maux. Rencontre avec le Dr Éric Lorrain, auteur du livre 50 solutions plantes pour votre santé. Quelques feuilles de menthe dans une tisane, des bonbons à la camomille, de l’huile essentielle de clous de girofle… Quand on pense à la médecine par les plantes, voilà quelques images qui viennent en tête. Mais la « phytothérapie » (littéralement « se soigner par les plantes ») est beaucoup plus vaste. C’est le message que souhaite faire passer Éric Lorrain, médecin, nutritionniste, acupuncteur et ostéopathe, qui préside l’Institut européen des substances végétales. « La phytothérapie est une démarche pharmacologique, explique-t-il. Elle recourt à des principes actifs contrôlés par les autorités sanitaires et distribués en pharmacie. » Il envisage son livre comme un « mode d’emploi » pour apprendre à utiliser les plantes. Entretien. Comment définissez-vous la phytothérapie ? C’est une médecine qui utilise les plantes comme médicaments, grâce à leurs propriétés naturelles, identifiées par la recherche fondamentale. Les médias présentent souvent les plantes dans leur usage « traditionnel », via une tradition orale. Des remèdes de grand-mère en quelque sorte. La phytothérapie est une médecine qui s’appuie sur des milliers d’études cliniques. Vous avez un exemple ? Le curcuma, par exemple, a un usage traditionnel sous forme de poudre. On connaît ses propriétés bénéfiques mais il ne suffit pas d’en avoir dans sa cuisine pour le considérer comme un médicament. Prescrit sous forme d’extraits, le curcuma est un anti-inflammatoire puissant. Ce n’est pas le même bénéfice santé. C’est la même chose pour le safran. À forte dose, c’est un antidépresseur. Dans la bouillabaisse, c’est d’abord un assaisonnement… Il ne faut donc pas prendre les extraits de plantes à la légère… L’important, c’est d’avoir les bonnes concentrations. Les progrès récents et des cahiers des charges plus rigoureux ont rassuré les médecins, même si beaucoup de confrères continuent à voir dans les plantes un usage anecdotique. L’automédication demande aussi des clarifications, car certaines plantes ne font pas toujours bon ménage avec les médicaments. Enfin il faut savoir que beaucoup de produits en vente libre sont souvent très peu dosés et ont une efficacité limitée. On entend souvent dire à propos des végétaux : « Si ça ne fait pas de mal, c’est déjà bien. » Mais les plantes ne sont pas des placebos. Vous donnez quelques exemples de troubles et de maladies qui peuvent être soignées par les plantes. On est surpris par leur diversité : entorses, chute des cheveux, cholestérol, prostate, dépression, diabète, cystite… L’éventail est très large, notamment dans les pathologies de la régulation hormonale, les états inflammatoires, dépressifs, les maladies de la peau, du système digestif… Le rôle du médecin, c’est de proposer du sur-mesure, en associant les plantes en fonction des troubles de chaque patient. Il n’y a donc pas un remède pour une maladie. Faut-il se méfier de certaines substances ? À qui peut-on demander conseil ?
Il ne faut pas diaboliser les plantes non plus. Les substances végétales et les médicaments de synthèse se complètent, on peut passer de l’un à l’autre sans problème. Je ne cherche pas à les opposer. Mais à efficacité égale, je préfère les plantes. Certains patients n’osent pas sortir des rails et je connais des médecins qui restent fermés, ce n’est pas leur truc. D’autres utilisent la phytothérapie sans le savoir. On vient souvent aux plantes lorsque la médecine dite « allopathique » a échoué. Mais on peut aussi aborder la question avec son médecin traitant. Lui dire : « J’ai lu des choses sur les plantes, quel est votre avis ? » On peut également en parler à son pharmacien, qui arrive souvent en premier niveau de prise en charge, sans rendez-vous. Les pharmaciens peuvent proposer des solutions concrètes car beaucoup connaissent les plantes. Les plantes ne sont pas remboursées par la Sécu… Il faut que les gens comprennent que les médicaments remboursés sont choisis sur des critères médicaux-économiques, pas uniquement médicaux. En d’autres termes, ce n’est pas parce que ce n’est pas remboursé que c’est inefficace. Par ailleurs, quand on paie, on est plus regardant sur l’efficacité… Mais certaines mutuelles prennent en charge les traitements phytothérapeutiques.
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Novembre 2016
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