Source : Le Point / AFPLes théories du complot vont bon train dans le sud des États-Unis à propos d'un important exercice militaire : certains craignent une « invasion » de l'armée fédérale ou pire, que cette diversion soit destinée à venir leur confisquer leurs armes. La loi martiale va être promulguée, des dissidents vont être assassinés, les supermarchés vont être transformés en prisons de fortune... La paranoïa atteint parfois des sommets dans les sept États du Sud, où 1 200 soldats des forces spéciales américaines conduisent plusieurs semaines d'un exercice baptisé « Jade Helm 15 ».
Le gouverneur du Texas, le républicain Greg Abbott, n'a d'ailleurs rien fait pour apaiser les craintes de ses concitoyens, traditionnellement chatouilleux sur le respect que leur doit le pouvoir fédéral, et il a ordonné à la garde nationale de son État de surveiller les forces fédérales pour garantir que les droits constitutionnels et de propriété privée des Texans « ne seront pas violés ». Certains ont enterré leurs armes pour que les troupes gouvernementales ne viennent pas les confisquer, d'autres ont fait des réserves de munitions et un groupe, Anti Jade Helm, a organisé des milices pour surveiller les mouvements de troupes. Camps de rééducationLe début de l'opération « Jade Helm » la semaine passée s'est déroulé sans heurts. Des manifestants ont agité des pancartes comme « Pas de Gestapo à Bastropo », lors d'une réunion publique tendue à Bastrop, au Texas, mais tout est calme depuis. Personne ne semblait avoir croisé de soldats. « Nous n'avons reçu aucun appel », constatait le chef de la police de cette bourgade de 7 000 habitants, Steve Adcock. Celui-ci a constaté que les adeptes de la théorie du complot venaient plutôt de l'extérieur : de nombreux habitants de la ville, située près d'une base de la Garde nationale, sont en effet favorables aux militaires. « Beaucoup de choses à propos de cette soi-disant conspiration ne viennent pas des gens d'ici. C'est dommage, ça donne une mauvaise image de nous », regrettait encore Steve Adcock. Kay Rogers, juriste à Bastrop, estime que seule une petite minorité de citoyens locaux ont protesté : « Si vous parlez à 10 personnes, une seule peut-être se sentira concernée. On a un certain nombre de marginaux dans le comté qui font beaucoup de bruit. » Mais si les théories les plus extravagantes, de « camps de rééducation destinés aux chrétiens, aux libertaires ou à d'autres ennemis de l'État » semblent complètement délirantes pour beaucoup, certaines craintes persistent. Environ 60 % des Américains voient l'État (au sens de pouvoir central) comme « une menace pour les libertés individuelles », selon un sondage conduit par l'institut Rasmussen en mai. Deux tiers des répondants se disaient inquiets de voir les autorités utiliser des exercices militaires « pour imposer un contrôle accru sur les États ». Étrangement, ils n'étaient pourtant que 16 % à s'opposer à de tels exercices dans leur État. Des exercices plus réalistesL'armée tente de rassurer les habitants depuis des mois, précisant que les exercices à venir ne les dérangeraient pas dans leur vie de tous les jours, si ce n'est en raison d'une « légère augmentation du trafic routier et de l'usage limité d'avions militaires ». Le lieutenant-colonel Mark Lastoria a ainsi paru assez dépité quand les gens ont longuement applaudi après qu'il s'est fait traiter de menteur durant la réunion publique de Bastrop. « Nous ne sommes pas en train de préparer la loi martiale », a-t-il dit dans un soupir. « Certaines personnes veulent vraiment faire de cet exercice quelque chose qu'il n'est pas. Tout ce qu'on veut, c'est être sûr que nos hommes seront bien entraînés avant d'aller se battre à l'étranger. » Des efforts faits par l'armée pour rendre ses exercices plus réalistes, comme le fait que certains soldats en civils sont censés « conduire des activités suspectes », ainsi qu'une carte décrivant l'Utah et le Texas comme des « territoires hostiles », ont joué un grand rôle pour convaincre les gens que les fédéraux leur en voulaient vraiment. Pour tenter de mettre un terme à toute controverse, la question de savoir si l'armée fédérale n'avait pas l'intention d'envahir le Texas avait été posée directement au secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, au cours d'une conférence de presse : « Non », s'était-il contenté de répondre alors que plusieurs journalistes avaient levé les yeux au ciel en entendant la question. Une courte réponse qui n'a vraisemblablement pas convaincu tout le monde.
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Novembre 2016
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